[FR] Low-tech à Lesbos : des solutions simples et durables aux mains des migrants !
Depuis mars 2018, le Low-tech Lab lance le projet pilote, Low-tech for Refugees, sur l’île grecque de Lesbos, dans un double contexte de crise migratoire et économique. Une journaliste, qui s’est rendue sur place, témoigne de la situation et du potentiel des low-technologies.
Rédaction et photo-reportage de Pascaline Roi. Réalisé en juin 2018. — [ ελληνικα, English, Deutsch]
Aux portes de l’Europe, l’île grecque de Lesbos accueille près de 8 000 migrants venus d’Asie et d’Afrique. Malgré l’accord de 2016 entre l’Union européenne et la Turquie, le nombre d’arrivées reste important. Et les délais d’attente pour obtenir une réponse administrative peuvent être très longs : souvent plusieurs mois, parfois plus de 2 ans. À l’urgence des sauvetages s’est ajoutée la gestion quotidienne d’une situation temporaire qui dure : insupportable pour les migrants, et aussi pour les habitants qui font déjà face à une crise économique majeure.
Les low-technologies — ou low-tech — sont des solutions techniques simples qui apportent de la résilience, tant individuelle que collective, et qui contribueraient à réconcilier tout le monde ! Depuis février 2018, le Low-tech Lab s’attèle à explorer le potentiel des low-tech dans ce contexte de manière collaborative. De premiers ateliers de fabrication de frigos du désert et de cuiseurs solaires ont déjà vu le jour, et ouvrent une voie vers une solidarité internationale d’un nouveau genre.
Venue à Lesbos comme bénévole pour le Low-tech Lab, je suis partie à la rencontre des migrants, des habitants et des low-tech, en conservant mon œil de journaliste.
Des low-tech à Lesbos, pour quoi faire ?!
Petit rappel : les low-technologies (basses-technologies en français) sont des systèmes simples, durables et accessibles en termes de coûts et de savoir-faire, particulièrement pertinentes pour répondre aux besoins de base : énergie, alimentation, eau, habitat… Une low-tech, c’est par exemple une éolienne faite-maison, un cuiseur domestique économe ou un pédalier multifonctions.
Par sa faible empreinte environnementale, cet ensemble de solutions locales adaptées et appropriables peut répondre aux grands enjeux sociétaux contemporains. Par ailleurs, la low-tech est aussi une philosophie, celle de faire mieux avec moins. Le potentiel est énorme dans de nombreux contextes !
Le Low-tech Lab à Lesbos
L’action du Low-tech Lab consiste à adapter et diffuser des solutions low-tech, tant techniques que méthodologiques, afin de permettre aux migrants, et à toute personne en général, de répondre par elle-même à ses besoins de manière durable. La dynamisation d’une communauté d’entraide et de partage, que ce soit en ligne (par la plateforme wiki de documentation open-source lowtechlab.org par exemple) ou via des actions de terrain (ateliers, hackathons, etc.), est au cœur du projet.
À la rencontre des migrants
Selon l’ UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), les migrants et les réfugiés (qui ont obtenu le droit de travailler sur l’île) seraient environ 8 000 sur l’île de Lesbos, qui compte un peu moins de 90 000 habitants.
En débarquant à Mytilène, la ville principale de Lesbos, je pensais que tous les migrants étaient isolés dans descamps (on évoque souvent le camp “fermé” de Moria).S’il est vrai que les camps sont en dehors de la ville, il est très facile de rencontrer des migrants au centre de Mytilène (1) : hommes et femmes seul.e.s ou en groupe, familles, ils se baladent dans les ruelles, attendent aux arrêts de bus, flânent aux terrasses des cafés… comme tout-un-chacun. Je dois dire que tous ceux que j’ai interrogés m’ont émue, d’une manière ou d’une autre, par leur simplicité, leur gentillesse, leur histoire, leurs conditions de vie…
(1) D’après les statistiques de l’ UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) de mai 2018, on compterait parmi les migrants à Lesbos : hommes entre 18 et 39 ans, 21 % de femmes, 32 % d’enfants, dont 13 % seuls ou séparés de leur famille.
En raison de la guerre, on compte une majorité de Syriens (32 %), des Afghans (21 %), des Irakiens (19 %) mais aussi des Africains (dont 7 % de Congolais, des Camerounais, Togolais ; et dans une moindre mesure des Algériens, Marocains et Tunisiens). J’ai été heureuse d’avoir pu parler en français avec eux !
Les motivations à leur venue en Europe sont variées : échapper à la guerre surtout et à des régimes peu démocratiques, mais aussi trouver des soins médicaux, des opportunités d’emplois, des libertés individuelles, sexuelles…
Une grande hétérogénéité également culturelle et sociale : familles avec enfants, jeunes sans qualification ou au contraire diplômés, élites urbanisées… J’ai ainsi rencontré un mécanicien, un enseignant, une femme de ménage, un administrateur des ventes, un vétérinaire, un artiste…
Cette diversité est un atout formidable pour l’innovation collaborative autour des low-tech car elle permet des coopérations intéressantes, riches d’enseignement et d’intelligence collective !
Malgré l’ accord du 18 mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie, la situation ne s’améliore pas. Rien que pour le mois de mai 2018, on comptait encore plus de 2 000 arrivées par la mer contre 480 à la même période en 2017. Non seulement les arrivées sont importantes, mais surtout les délais d’attente des demandes peuvent atteindre jusqu’à 2 ans, période pendant laquelle les demandeurs restent bloqués sur l’île dans une grande incertitude. En avril, le conseil d’Etat grec a autorisé la libre circulation pour les nouveaux arrivants. Il faut attendre pour savoir ce qu’il va réellement se passer…
En ville, on ne se rend pas vraiment compte de la situation. En revanche, la tension monte lorsqu’on prend le seul bus menant au camp de Moria, LE camp qui pose problème. Le chauffeur de bus est stressé et peu accueillant, il refuse même à des femmes syriennes et leurs bébés de monter alors que le bus est loin d’être plein… À l’approche du camp, des migrants crient “Police, police !”… Une atmosphère pesante difficilement définissable qui se retrouve sur place, mais qui peut s’expliquer.
Les raisons/raisins de la colère !
Côté migrants…
Après de multiples parcours migratoires — par exemple les Afghans passent par l’Iran avant d’arriver en Turquie puis à Lesbos -, ceux qui parviennent à atteindre l’île sont transférés au camp de Moria. Gardé par la police et entouré de barbelés, il est situé à une vingtaine de minutes en bus du centre-ville de Mytilène, dans le village de Moria. Accueillant environ 7 000 personnes pour une capacité estimée à 3 000 personnes selon l’UNHCR, le principal “ hotspot” de l’île est surpeuplé et présente des conditions de vie déplorables.
En effet, les besoins élémentaires des migrants ne sont pas pleinement satisfaits, en particulier à Moria : promiscuité extrême, absence de chauffage en hiver, hygiène douteuse, violences physiques et parfois sexuelles…
Les conditions d’accueil à l’intérieur du camp de Moria sont tellement difficiles que certains migrants préfèrent encore dormir sous des tentes à l’extérieur du camp, dans l’Oliveraie voisine.
Les plus vulnérables (personnes à la santé physique et mentale fragile, femmes enceintes et familles, etc.) ont la possibilité de s’installer dans l’un des deux autres camps de réfugiés existants sur l’île : Kara Tepe et Pikpa, où les conditions sont plus acceptables qu’à Moria.
Cette surpopulation provoque des tensions, à l’intérieur comme à l’extérieur du camp. Lors de ma venue à Lesbos — entre mai et juin dernier-, un violent conflit a éclaté entre des groupes de Syriens et la communauté Kurde. Une rixe qui a fait plusieurs blessés graves. Difficile d’avoir des informations exactes, sachant que les journalistes sont persona non grata à Moria.
Un migrant m’a mise en garde : “ Ne te balade pas trop longtemps, ça peut être dangereux… “. Il est vrai qu’en tant que femme, j’avoue ne pas me sentir très à l’aise. Mais quand je commence à discuter avec eux, dans l’un des 2 petits cafés qui ont élu domicile près du camp, je me détends et l’angoisse laisse place à de nouvelles émotions.
Parce que je cherchais l’instituteur syrien qui enseigne dans l’école du camp de Moria, j’ai pu entrer à l’intérieur. Un dédale d’allées où s’alignent des containers ; à l’intérieur, les migrants protègent leur intimité en posant de larges couvertures grises. Ce qui m’a le plus incommodée, ce sont les odeurs pestilentielles à certains endroits, odeurs que les migrants doivent supporter quotidiennement…
Après de multiples errances, ce lieuconstitue un traumatisme supplémentaire pour ces personnes venues chercher refuge et l’espoir d’une vie meilleure en Europe.
En réaction au contexte politique de la crise, certaines ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF) ont décidé — sans mauvais jeu de mots — de ficher le camp ! Si MSF est cependant restée sur l’île pour poursuivre son travail dans de meilleures conditions, d’autres ONG ont quitté l’île.
Paroles de migrants
“ Nous sommes entassés dans des containers de quelques mètres carrés, sans intimité “
“ Il faut attendre plusieurs mois pour avoir un rendez-vous chez le médecin, jusqu’à 2 ans pour avoir une réponse administrative ! “
“ L’eau du robinet n’est pas potable, elle est un peu salée, pique et donne des problèmes de peau ; les coupures d’eau sont fréquentes, surtout la nuit mais aussi à certaines heures de la journée. À certains endroits, les odeurs sont pestilentielles… “
“ L’hiver il n’y a pas de chauffage, il peut faire très froid… “
“ La nourriture n’est pas assez cuite et n’est pas en quantité suffisante ; les files d’attente peuvent durer plusieurs heures, provoquant des conflits réguliers. “
Face à certaines de ces problématiques, les low-tech peuvent s’avérer très utiles !
Des débuts de solutions avec les low-tech !
Que ce soit dans un contexte d’urgence humanitaire ou de développement, les low-tech permettent de trouver des solutions orientées vers les besoins, à moindre coût, tout en valorisant les ressources locales et les savoir-faire des personnes !
Les migrants — qui sont dans une situation d’attente et de forte dépendance (papiers, repas, vêtements, etc.) — peuvent consacrer leur temps et leur énergie de manière constructive. Fabriquer eux-même leurs propres solutions pour répondre à leurs besoins leur permet d’être dans une position d’acteurs en capacité d’être autonomes et dignes (notion d’”empowerment”). En ce sens, les low-tech permettent une résilience individuelle et sociétale, notamment face aux enjeux climatiques.
Si une approche low-tech est déjà utilisée par certains citoyens, bénéficiaires ou acteurs de terrain — tels que Lesvos Solidarity (jardins permaculturels, ateliers de sur-cyclage utilisant notamment les gilets de sauvetage usagés, habitat léger, etc.), on observe peu de documentation et de partage. Par exemple, plusieurs lieux d’accueil (camps, douches, etc.) ont des difficultés à traiter les eaux noires et grises : elles pourraient mutualiser leurs expériences pour trouver les meilleurs solutions adaptées au contexte local. Une collaboration avec l’antenne locale de l’Aegean University permettrait aussi de créer des ponts entre des mondes qui se fréquentent peu, auraient beaucoup à s’apporter et pourraient contribuer ensemble à l’innovation frugale.
Au cours des premières semaines, Marjolaine Bert, coordinatrice solidarité internationale au Low-tech Lab, et Andreas Müller-Hermann, soutien au projet-pilote depuis ses prémices, ont essentiellement fait un travail de rencontre et de sensibilisation des acteurs locaux. Aujourd’hui, les premiers membres de la communauté du Low-tech Lab Greece organisent des ateliers, en collaboration avec des organisations implantées localement, pour développer et partager des solutions techniques et méthodologiques low-tech avec un public ouvert : associations, étudiants, entreprises, citoyens locaux, demandeurs d’asile, volontaires internationaux, etc.
Méthode proposée pour l’organisation d’ateliers low-tech :
Étape 1 : Design de la solution en partant des besoins et identifiant les ressources disponibles localement (matériaux , compétences, etc.)
Étape 2 : Collecte des matériaux : “trash hunt”
Étape 3 : Fabrication de la solution low-tech
Étape 4 : Utilisation de la solution et amélioration continue
Étape 5 : Capitalisation de l’expérience pour la partager avec d’autres
L’atelier “ frigos du désert” a été le premier atelier initié par l’équipe du Low-tech Lab. Ce frigo permet de maintenir au frais et sans électricité nourriture et médicaments. S’il est traditionnellement fabriqué en terre, il était lors de l’atelier conçu à partir d’un contenant en plastique, de toile, de sable et d’eau.
Depuis l’atelier en février dernier, Aref et 6 de ses amis afghans utilisent ce frigo quotidiennement. “ Ce frigo est vraiment utile et pratique “, se réjouit Aref.
“ Il est toujours plein ! On l’utilise pour stocker du fromage, du yaourt et des olives. Habituellement nous ne pouvions conserver le fromage que 2 ou 3 jours contre une semaine voire plus avec ce frigo. “
Si Aref donne une note globale de 5/5 à ce frigo low-tech, il a toutefois identifié quelques améliorations à faire : “ Nous n’utilisons pas la partie où l’eau est stockée car il tombe des gouttes si on la remplit et ce n’est pas pratique. De plus, le sable est tombé car la toile s’est détendue, nous devons le réparer. Malgré cela, le frigo continue de fonctionner ! “. S’adapter à chaque besoin avec les moyens du bord, c’est aussi ça la low-tech !
Côté habitants…
De leur côté, si certains habitants sont sensibles au sort des migrants et leur viennent en aide (hébergement de mineurs à domicile, cours de langues et d’informatique, restaurants d’insertion, etc.), d’autres affichent clairement leur hostilité : “ Les migrants font fuir les touristes ! Ils les ont remplacés sur les plages et il y a des détritus partout… “, entend-on ici et là. En effet l’île verte, comme on l’appelle, avec ses belles plages, ses charmants villages et ses sources d’eaux thermales, vit beaucoup du tourisme national et international. Pourtant, si les vacanciers sont moins nombreux, les volontaires au service des ONG et les migrants constituent une nouvelle manne économique pour Mytilène.
Il faut dire que le contexte économique de la Grèce est très fragile. Sur le papier, le pays commence tout juste à sortir de 9 années de crise : selon les économistes, un début de croissance (1,3 %) s’est installé et le pays espère renégocier la réduction de sa dette (178 % du PIB en 2017). En réalité, les Grecs ne profitent pas encore de ce début d’embellie…
Autre motif de mécontentement, des vols dans les commerces et les champs alentours. “ Des migrants volent des fruits et des légumes ; il y en a même qui tuent des poules pour les manger ! “.
Ainsi, dans la nuit du 22 au 23 avril 2018, en plein centre de Mytilène, des militants d’extrême-droite du “Mouvement patriotique” ont blessé une dizaine de réfugiés — Afghans pour la plupart — avec des bouteilles d’eau et des fusées de détresse éclairantes. Des anarchistes sont venus au secours des migrants, réunis depuis près d’une semaine sur la place pour protester contre leurs conditions misérables dans les camps de l’île… La semaine précédente, un réfugié afghan serait mort d’une crise cardiaque car des médecins du camp de Moria auraient refusé d’appeler une ambulance. Un événement qui reste heureusement exceptionnel mais révélateur de profondes tensions. J’ai pu moi-même constater l’accueil glacial de certains propriétaires de café et de commerçants refusant parfois de servir les migrants.
La coupe des oliviers provoque également la colère des citoyens de Moria et de Mytilène : “ Pour se chauffer ou faire cuire les aliments, certains migrants coupent les oliviers qu’ils font brûler. Or, les oliviers sont des ressources économiques, environnementales et symboliques très importantes pour les Grecs ! “, s’offusque Maria, une habitante de Mytilène.
De plus, en raison des risques d’incendie, les foyers allumés par les migrants (que ce soit en brûlant des oliviers, des palettes ou des déchets plastiques en tous genres) sont strictement interdits en été. C’est ainsi que fin juin, suite à un feu de forêt déclaré dans l’Oliveraie qui a détruit 10 hectares, le Président de la Communauté Communale de Moria s’est mis en grève de la faim pour protester contre la mauvaise gestion des migrations à échelle nationale et européenne.
Et les low-tech dans tout ça ?
Le soleil, un précieux allié pour les low-tech !
Lesbos bénéficie de beaucoup de vent et de soleil. L’énergie solaire, notamment, peut représenter une alternative à la coupe des oliviers et aux foyers de cuisson illégaux et dangereux !
Et si on cuisinait avec en fabriquant des cuiseurs solaires ? C’est le défi que s’est lancé le Low-tech Lab !
Le premier atelier low-tech de fabrication de cuiseurs solaires, auquel j’ai assisté,a eu lieu le 4 juin 2018 au centre d’accueil “ Mosaik” (géré par les ONG Lesvos Solidarity et Borderline Europe), en centre-ville de Mytilène.
Une trentaine de personnes ont participé à ce premier atelier “cuiseurs solaires” : des migrants (la plupart du camp de Moria), des citoyens locaux, des organisations à but non lucratif. Mais surtout, des individus d’horizons divers : makers, designers, développeurs…, venus d’une multitude de pays : Grèce, Afghanistan, Togo, Congo, Iran, France, Ouganda, Australie, Guinée, Sierra-Leone, Norvège, États-Unis, Comores, Israël…
Leurs motivations ? Apprendre à faire un cuiseur solaire, utiliser et développer leurs savoir-faire manuels et techniques, résoudre des enjeux sociaux et environnementaux… ou simplement, faire quelque chose de nouveau !
4 types de cuiseurs solaires ont été fabriqués lors de ce premier atelier :
- un four solaire — boîte en bois
- un four solaire — chambre à air
- un concentrateur solaire en carton
- un multicuiseur solaire
Ce premier atelier-test de fabrication de cuiseurs solaires a permis d’ identifier les avantages et inconvénients de chacun des 4 types de cuiseurs : le four-boîte est particulièrement efficient mais plus complexe à fabriquer, le four-pneu est très simple à monter et ne nécessite aucun outil mais les matériaux sont plus difficiles à trouver, etc.
Il a également permis aux participants de découvrir les atouts et les contraintes de la cuisson solaire par rapport aux autres modes de cuisson : nécessité d’avoir du soleil (naturellement !), parfois beaucoup de temps — nous avons mis près de 3 heures pour cuire des pâtes lors de cet atelier…
Le premier atelier a fait des petits ! Et a affiné les connaissances ! Il ne s’agit pas seulement de savoir trouver les matériaux et fabriquer les cuiseurs, mais aussi de savoir comment les utiliser : il faut rester près du cuiseur pour s’assurer qu’il reste orienté face au soleil au fur et à mesure que le soleil tourne, il faut éviter d’ouvrir le couvercle en verre des fours qui fonctionnent grâce à l’effet de serre… Et puis il faut savoir cuisiner avec ! C’est sacrément culturel la cuisine, changer ses habitudes n’est pas si facile. Un atelier spécial “cuisine avec les cuiseurs solaires” est d’ailleurs en préparation !
Pour Marjolaine Bert, coordinatrice de ce projet-pilote pour le Low-tech Lab, l’enjeu est à l’essaimage :
La low-tech appartient à tout le monde, mais pour y avoir accès, il s’agit de créer les espaces de partage, que ce soit par la rencontre ou en ligne !
Devant l’enthousiasme suscité par ces premiers ateliers, l’ONG One Happy Family souhaite continuer à organiser des ateliers low-tech de manière régulière… affaire à suivre !
Tant d’autres défis à relever !
De nombreux défis restent à relever : les mouches et moustiques l’été, l’isolation thermique des containers, l’absence d’eau chaude pour les douches l’hiver, le traitement des eaux grises…
Par exemple, lors de ma venue, j’ai commencé à explorer les besoins liés à l’eau dans le camp de Moria : Selon l’ONG Watershed, qui a remplacé des tuyaux et ajouté des points d’eau, celle-ci serait consommable au même titre que celle de la ville de Moria.
Pourtant, la plupart des migrants m’ont affirmé que l’eau à Moria n’était pas potable, qu’elle avait mauvais goût et qu’elle provoquerait même des problèmes de peau en se lavant avec. Il semblerait que le nombre, le volume et la vétusté des tuyaux (datant de l’époque où le site abritait une caserne) posent problème. Cela expliquerait-il que les migrants de Moria reçoivent quotidiennement une bouteille de 1,5 litre d’eau minérale ?
Par ailleurs , l’eau ne serait pas la même dans l’ensemble du camp : la partie surnommée “VIP” du camp (sections A, B, C) et certains “levels” (les containers étant répartis par niveaux) seraient privilégiés. Comme le souligne G., venue d’Ouganda : “ Dans notre section où il y a des bébés et des femmes, l’eau est propre, on peut la boire “. La méfiance reste malgré tout de mise, G. préférant là aussi boire l’eau minérale dont elle bénéficie en “extra”.
A la vue de la robinetterie notamment, favoriser les économies d’eau serait déjà une solution. On pourrait continuer à explorer le potentiel de systèmes low-tech, comme par exemple les canacla, qui permettent de bien se laver les mains avec un demi-verre d’eau !
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Originally published at https://medium.com on May 8, 2019.